Vitrine dans la salle d‘intervention recherche de provenance 2022 avec correspondance, publications et listes d‘inventaire

L’objectif de la recherche de provenance est de déterminer et de rendre publics l’origine des œuvres d’art ainsi que leurs propriétaires successifs depuis leur création. Elle s’intéresse tout particulièrement aux œuvres ayant changé de mains pendant les années où le parti national-socialiste était au pouvoir en Allemagne et où d’autres régions de l’Europe ont été conquises par les nazis, entre 1933 et 1945.

Grâce au soutien de l’Office fédéral de la culture (OFC), la recherche de provenance a pu passer à un niveau supérieur à partir de 2017, et en 2019, le Kunsthaus a créé un poste fixe dédié à la recherche de provenance. Depuis lors, les provenances des fonds de la collection font l’objet d’enquêtes systématiques, sans préjugés de résultats et conformes aux standards internationaux de recherche, et sont progressivement publiées dans la collection en ligne. Cette procédure s’accompagne – conformément au nouveau contrat de subvention conclu avec la Ville de Zurich – de l’examen des œuvres des prêts permanents confiés au Kunsthaus (*1).

Accès aux archives et demandes de recherches [Kachel rechts]

Le Kunsthaus traite toutes les demandes concernant la provenance des œuvres d’art avec la diligence requise. Le fonds complet et bien organisé des archives de la Société zurichoise des beaux-arts jusqu’en 1939 est accessible à toute personne intéressée à la bibliothèque du Kunsthaus. Une partie de ces documents est déjà accessible en ligne sur digital.kunsthaus.ch. S’il était établi que la Société zurichoise des beaux-arts était en possession d’une œuvre perdue par un précédent propriétaire entre 1933 et 1945 dans le cadre des persécution nazies, alors une solution juste et équitable serait recherchée avec les ayants droit actuels des propriétaires de l’époque conformément au code de déontologie de la Convention de Washington.

Contact: provenienzforschung@kunsthaus.ch

Principes de la recherche de provenance

Le Kunsthaus Zürich reconnaît comme base de la recherche de provenance le Code de déontologie pour les musées du Conseil international des musées (ICOM) ainsi que les Principes de Washington de 1998 et la Déclaration de Terezín de 20092. Dans le nouveau contrat de subvention conclu avec la Ville de Zurich, la Zürcher Kunstgesellschaft s’est en outre engagée à s’appuyer, en matière de recherche de provenance, sur la notion de «biens culturels confisqués dans le cadre des persécutions nazies». Ces biens peuvent aussi inclure, après recherches approfondies et élucidation de circonstances spécifiques, les œuvres d’art vendues par des personnes émigrées dans des pays tiers «sûrs», en dehors de la sphère d’influence nazie, par exemple la Suisse. Cette évolution s’inscrit dans le contexte d’un vaste débat social et politique, qui doit être mené avec une large participation de divers acteurs et au niveau national. Les musées – comme le Kunstmuseum Bern, le Kunstmuseum Basel et le Kunsthaus Zürich – contribuent à ce débat en développant des stratégies de mise en œuvre visant à réviser leur façon de traiter les «biens culturels confisqués dans le cadre des persécutions nazies».

Actualisation de la stratégie de provenance

Le comité directeur et la direction de la Zürcher Kunstgesellschaft accueillent favorablement la création, au niveau national, d'une commission d'experts indépendante pour le patrimoine culturel historiquement hypothéqué au 1er janvier 2024.

En raison de cette décision au niveau fédéral, le Kunsthaus renonce, comme il l'avait annoncé, à mettre en place sa propre commission internationale d'experts.

Décembre 2023

* Les notes de bas de page peuvent être consultées dans le document stratégique. Télécharger le PDF

Glossaire

Recherche de provenance

L'objectif de la recherche de provenance est d'établir les conditions de propriété des œuvres d'art depuis leur création. L'accent est mis sur les œuvres qui ont changé de propriétaire à l'époque du national-socialisme et de la persécution et de l'assassinat des juifs et des autres minorités.

Les biens culturels soustraits aux persécutions nazies (= art spolié)

Sont considérés comme art spolié par le régime national-socialiste les biens culturels que les nazis ont soustraits à leurs propriétaires, principalement juifs, entre 1933 et 1945. Cela s'est fait par des confiscations, des ventes forcées et d'autres mesures exécutées sous pression. Les ventes en dehors de la zone du pouvoir nazi, qualifiées jusqu'à présent en Suisse de «biens en fuite», peuvent également en faire partie.

La «Déclaration de Washington» (1998) et la «Déclaration de Terezín» (2009)

La Déclaration de Washington constitue la base de la recherche et du traitement des biens volés par les nazis. Elle a été adoptée par 44 États, dont la Suisse, sous la forme d'une déclaration non contraignante sur le plan juridique. Son objectif est tout d'abord d'identifier l'art spolié par les nazis. En cas de questions de propriété litigieuses, des mécanismes alternatifs de résolution, tels que des commissions, doivent être mis en place et des «solutions loyales et équitables» doivent être trouvées entre les descendants des anciens propriétaires et les propriétaires actuels.

La Déclaration de Terezín a élargi la définition de l'art spolié dans la Déclaration de Washington. Avec cette déclaration, les biens culturels vendus sous pression en raison des persécutions nazies seront également soumis à une réglementation.

Les solutions loyales et équitables

Les «solutions justes et équitables» comprennent un éventail de mesures différentes. Il est par exemple possible d'apprécier publiquement les circonstances de la spoliation d'une œuvre dans le cadre d'une exposition ou de mentionner l'histoire de la provenance de l'œuvre exposée dans le musée. Le paiement d'une indemnisation est également une solution. Il est même possible de convenir de la vente de l'œuvre à des tiers avec partage du produit de la vente ou prêt ultérieur aux propriétaires actuels. La mesure la plus connue est la restitution.

Projets de recherche

Acquisitions pour la collection 1946–1960 (2023–2024)

Acquisitions de tableaux et de sculptures pour la collection réalisées entre 1946–1960 (2023–2024)

Le projet "Les entrées de la collection de peintures et de sculptures 1946-1960 (2023–2024)", soutenu par l'Office fédéral de la culture, examinera systématiquement les changements de main intervenus pendant la période nazie entre 1933 et 1945 des acquisitions des années d'après-guerre entre 1946 et 1960 de la collection de peintures et de sculptures du Kunsthaus Zurich. Le projet comprend dans un premier temps l'examen des données de provenance existantes de 248 œuvres. Dans un deuxième temps, environ 80 œuvres seront examinées et documentées sur l'original et les provenances de ces œuvres seront vérifiées, complétées et étudiées.

Les résultats de cette recherche sont consultables dans notre liste d’œuvres (en langue allemande) et sont progressivement publiés dans la collection en ligne.

Les dons Ruzicka/Bär/Haefner (2021–2023)

Les provenances des dons Leopold Ruzicka (1949), Nelly Bär (1968) & Walter Haefner (1973–1995)

Le projet «Les provenances des dons Leopold Ruzicka (1949), Nelly Bär (1968) & Walter Haefner (1973–1995)», subventionné par l’Office fédéral de la culture, proposera une étude des changements de main ayant affecté à l’époque du nazisme, entre 1933 et 1945, les œuvres de ces trois ensembles essentiels donnés au Kunsthaus Zürich après-guerre. Les 74 tableaux, sculptures et dessins originaux datant d’avant 1945 qui figurent dans ces trois dons seront étudiés, ce qui donnera lieu à l’élaboration d’une documentation et d’un corpus scientifique plus complet. À cette occasion, la provenance des œuvres sera vérifiée, analysée et complétée. Ce projet porte sur la collection de Leopold Ruzicka, qui compte aujourd’hui 47 œuvres de maîtres anciens, et sur les deux dons de grande valeur effectués par Nelly Bär et Walter Haefner, qui comportent respectivement 28 et 14 œuvres d’art moderne français. Ainsi, ces ensembles conséquents et essentiels confiés par des dépositaires et donateurs privés feront pour la première fois l’objet d’une étude, d’une documentation et d’une publication systématiques.

Les résultats seront publiés au fur et à mesure dans la collection en ligne.

Télécharger le rapport final (Allemand)

Registres de copies de lettres de la ZKG / du KHZ 1933–1945 (2021–2022)

Projet de recherche Registres de copies de lettres de la ZKG et du KHZ 1933-1945

Wilhelm Wartmann (1882-1970), premier directeur du Kunsthaus Zürich, a occupé ce poste de 1909 à 1949. Les volumineux dossiers administratifs hérités de cette époque sont conservés, aujourd’hui encore, dans leur quasi-intégralité. Les registres de copies de lettres, qui réunissent tout le courrier envoyé par le Kunsthaus, offrent un accès privilégié à l’ensemble des archives grâce aux listes alphabétiques de destinataires, ce qui rend les événements recherchés faciles à trouver. Publiés pour la première fois, ces 63 volumes datant des années 1933 à 1945 contiennent des informations détaillées sur les expositions, les acquisitions, les prêts, les dépôts, les ventes, les contrats d’importation et d’exportation, et bien d’autres opérations encore. Ces informations ne sont accessibles nulle part ailleurs.

Les registres de copies de lettres sont répartis en deux catégories: «Exposition» et «Correspondance générale». Dans chacune d’elles, les lettres sont classées par ordre chronologique, ce qui permet de feuilleter le courrier correspondant à une période précise. Les registres de destinataires ayant été transcrits, il est possible d’effectuer des recherches par noms de personnes et d’organismes. Les entrées ne sont toutefois pas toujours complètes.

Dans le cadre d’un projet de recherche subventionné par l’Office fédéral de la culture, les volumes seront publiés progressivement, en commençant par la série «Exposition».

Registres de copies de lettres en ligne

Télécharger le rapport final (Allemand)

Collection d’arts graphiques 1933–1950 (2017–2019)

La provenance des acquisitions pour la collection d’arts graphiques de 1933 à 1950 (2017–2019)

Ce projet subventionné par l’Office fédéral de la culture vise à étudier et à publier la provenance de toutes les acquisitions réalisées pour la collection d’arts graphiques de 1933 à 1950. Pendant cette période, près de 10 000 œuvres sur papier ont rejoint la collection par le biais de dons ou d’acquisitions. 3 900 planches ont été concernées par ce projet de recherche.

Les œuvres étudiées n’ont révélé aucune trace de changement de propriétaire résultant d’une confiscation et donc d’actes de spoliation par le régime nazi. La provenance de deux tiers d’entre elles peut par conséquent être considérée comme non douteuse et d’une traçabilité parfaite ou comme partiellement retraçable mais sans indices de changement douteux de propriétaire. Quant aux œuvres restantes, il a été possible d’en identifier au moins l’ancien propriétaire. Il convient toutefois d’approfondir encore la recherche.

Les résultats de cette recherche sont consultables dans notre liste d’œuvres (en langue allemande) et sont progressivement publiés dans la collection en ligne.

Télécharger le rapport final (en allemand)

Liste des œuvres artistes A-L
Liste des œuvres artistes M-Z

Collection online pour les provenances (2017–2018)

Publication en ligne des provenances des œuvres de la collection de peintures et de sculptures (2017–2018)

Les provenance des œuvres de la collection de peintures et de sculptures ont été examinés dans le cadre de l’élaboration du catalogue de la collection des peintures et sculptures, de 2002 à 2007, les documents relatifs aux œuvres, en particulier ceux des œuvres offertes en donation au musée à partir des années 1950. La provenance de toutes les œuvres est publiée au catalogue général et dans la liste d'œuvres en ligne où elle peut être consultée par toute personne intéressée. Les provenances sont aussi publiées peu à peu sur Internet dans la collection en ligne, qui a été réalisé avec le soutien de l’Office fédéral de la culture.

Télécharger le rapport final (en Allemand)

Tous les projets de recherche soutenus par:

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Albert Keller, Adele von Le-Suire, stehend, vers 1887, Kunsthaus Zürich, 1939 pris de Alfred Sommerguth par les nazis, don de ses héritiers et de Hannelore Müller 2010

Des solutions justes et équitables


Accord avec les héritiers d'Alfred Sommerguth & Jean et Ida Baer

Suite à une importante donation de tableaux provenant de la succession du collectionneur zurichois Oskar A. Müller, en 2007, le Kunsthaus a organisé en 2009 une exposition consacrée à ce peintre. Le catalogue paru à cette occasion a permis à des experts externes de constater que l’une des œuvres de cette donation, intitulée «Madame la Suire», était probablement une œuvre spoliée. Ce tableau appartenait autrefois au collectionneur juif Alfred Sommerguth. Or il a été établi qu’il avait été confisqué et vendu aux enchères à Berlin par les autorités nazies quelques mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Le Kunsthaus a étudié le dossier et une fois le soupçon confirmé, a proposé aux héritiers de l’ancien propriétaire de leur restituer le tableau ou de le leur racheter. Les héritiers d’Alfred Sommerguth ont toutefois décidé, avec une grande générosité, de faire don de cette toile au Kunsthaus Zürich, demandant simplement qu’une mention correspondante soit apposée à côté du tableau lorsque celui-ci est exposé.

Le tableau d’Alfred von Keller intitulé «Nu sur la plage / soir» avait quant à lui été confisqué à Jean et Ida Bauer par les nationaux-socialistes vers 1940. Suite à un accord avec les héritiers, et avec l’aide de la donation de Hannelore Müller, le Kunsthaus a pu en faire l’acquisition en 2012.

Ampelsystem-Provenienzen

Catégories de provenance

Le Kunsthaus Zürich classe les provenances de ses œuvres en se basant sur les catégories de provenance développées par le Kunstmuseum de Berne (Berner Ampel, 2021). Les catégories «jaune-vert» et «jaune-rouge» sont dynamiques et permettent une évaluation qualitative pour les œuvres dont la provenance est lacunaire. La première correspond à «aucune indication d'art spolié par les Nazis» et la seconde à «des indications d'art spolié par les Nazis». Cette distinction permet de tenir compte des connaissances dynamiques de la recherche et de les représenter de manière adéquate. En outre, une catégorisation «jaune-rouge» peut également servir de base à une solution juste et équitable conformément aux principes de Washington (1998).

Outre la publication publique sur la collection en ligne, la catégorisation trouve également sa place dans les salles de la collection. Les œuvres dont la provenance fait l'objet d'une recherche y sont signalées.