On pourrait parler de joyau caché: la collection d’art médiatique du Kunsthaus Zürich est l’une des plus grandes de Suisse. En présente dix œuvres qui respirent l’esprit du nouveau millénaire. Une offre destinée aussi bien aux amateurs d’art qu’aux fans de vidéo et aux nerds de la technologie.

Robots, mangas et piraterie performative

Admission

Billet Collection PLUS: CHF 24.–/17.–*
*tarif réduit et groupes

Entrée gratuite pour les adhérents et les enfants et adolescents de moins de 14 ans.
ORGANISER VOTRE VISITE

À l’attention des groupes

Nous serons ravis de vous accueillir! Pour des raisons d’organisation, l’inscription est obligatoire.
info@kunsthaus.ch, +41 44 253 84 84

Du point de vue du contenu, la sélection d’œuvres de l’exposition se focalise sur les aspects du changement numérique: «Die umgekehrte Rüstung» (l’armure inversée), créée en 2002 par Yves Netzhammer (*1970, CH), fascine par son esthétique CGI (effets spéciaux numériques) nouvelle à l’époque. Dans «Cosplayers» (2004) de Cao Fei (*1978, Chine), de jeunes Chinois et Chinoises en costume mettent en scène leurs héros de mangas et de jeux vidéo dans la ville de Guangzhou en plein essor, superposant les mondes virtuels et la réalité. Dans sa grande installation vidéo à trois canaux «A Woman under the Influence - to cut a long story short», Tatjana Marušić (*1971, HR/CH) détourne complètement des extraits d’un téléfilm en les traitant numériquement et en les assemblant en une esthétique glitch entièrement nouvelle, qui rappelle fortement les «perturbations» des images numériques. L’accent est également mis sur des œuvres qui véhiculent particulièrement l’esprit de l’époque: «La Suisse existe» (2000) de Christoph Büchel (*1966, CH) présente le discours prononcé par Adolf Ogi au tournant du millénaire, repris par l’artiste dans un acte de piraterie performatif et transposé ainsi dans le contexte de l’art. Dans son discours, celui qui était alors Président de la Confédération appelait la population suisse à être courageuse et à aller de l’avant. En écho à ce message, l’exposition présente l’œuvre «I love Switzerland» (2002) du duo d’artistes vidéo suisses Com&Com (CH), Marcus Gossolt (*1969)/Johannes M. Hedinger (*1971). La fierté nationale suisse y est mise en scène et parodiée à l’aide d’une technologie vidéo numérique simple.

On pourra voir également des travaux vidéo de Rita McBride, (*1960, USA), Diana Thater (*1962, USA), Susann Walder (1959-2015, CH) ainsi que Gabriela Gerber/Lukas Bardill (*1970/*1968, CH) et Zilla Leutenegger (*1968, CH). Pendant la préparation de l’exposition, Luca Rey et Éléonore Bernard ont pu interroger nombre de ces artistes sur la mise en scène adéquate et la meilleure conservation possible de leurs œuvres. Grâce à différents formats de présentation, les amateurs d’art comme les fans de technologies y trouveront leur compte.

Netzhammer_Die_umgekehrte_Ruestung_Still_1
Yves Netzhammer, Die umgekehrte Rüstung, 2002, Vidéo monobande, couleur, son; acquis en Digital Betacam et DVD; PAL, 4:3, durée: 23‘41“, Kunsthaus Zürich, 2003, © Yves Netzhammer
Bardill_Gerber_Forum_Stills_Serie
Lukas Bardill, Gabriela Gerber, Forum, 2000, Vidéo monobande, couleur, son; acquis en Mini DV et DVD; PAL, 4:3, durée: 2‘30“, Kunsthaus Zürich, 2004, © 2024, ProLitteris, Zürich
Thater_Ohne-Titel
Zilla Leutenegger, Mamoru, 2001, Vidéo monobande, noir et blanc, son; acquis en DVD; PAL, 4:3, durée: 9‘11“, Kunsthaus Zürich, 2003, © Zilla Leutenegger
Leutenegger_Mamoru_DSC00097
Zilla Leutenegger, Mamoru, 2001, Vidéo monobande, noir et blanc, son; acquis en DVD; PAL, 4:3, durée: 4‘35“, Kunsthaus Zürich, 2003, © Zilla Leutenegger
Walder_11-Sept_2002
Susann Walder, 11. Sept. 2002. Keine Autos! gabba gabba, Hey Du! Bisch zwäg? : Die Wohlfühl-Monster-Lynch-Partie, gegen oben treten und gegen unten bücken, 2003 Vidéo monobande, couleur, son; acquis en DVD; PAL, 4:3, durée: 41‘32“, Kunsthaus Zürich, 2003, © Nachlass Susann Walder
Com_Com_I-love-CH
Com&Com, I love Switzerland, 2002, Vidéo monobande, couleur, son; acquis en DVD; PAL, 4:3, durée: 1‘18“, Kunsthaus Zürich, 2003, © Com&Com

Les questions de l'époque au prisme des mutations technologiques

À partir des années 1990, une mutation technologique a eu lieu: les supports numériques comme le DVD ont supplanté les cassettes vidéo analogiques. Les travaux de nombreux artistes de cette époque portent la marque de la mondialisation et de l’avènement de la société technologique. Depuis le début du millénaire, des produits de la culture populaire comme les jeux vidéo inspirent les créatrices et les créateurs. La technologie d’imagerie générée par ordinateur (CGI) fait son apparition, ainsi que le piratage informatique et de nouvelles formes de perturbations de l’image (par exemple, les «glitches»). L’art vidéo en porte des traces. De plus en plus, des artistes pratiquant tous les genres artistiques recourent aux technologies numériques pour la production de leurs œuvres, pour des installations et des collages multimédias. L’élargissement du champ d’utilisation transforme l’esthétique des œuvres d’art, leur rapport à l’espace et au temps, et donc l’expérience sensorielle du spectateur. Le discours s’élargit lui aussi. Et des questions surgissent: comment éduquer notre perception pour mieux appréhender le flot quotidien d’images en mouvement? Comment les artistes réagissent-ils au passage de l’analogique au numérique? Quels sont les thèmes caractéristiques des nouvelles perspectives qui intègrent le canon mondial à partir du tournant du millénaire? Quelle est l’importance de la vidéo pour la création artistique des années 2000 et quel est l’éventail des ressources utilisées?

L’exposition ainsi que la restauration nécessaire des médias et le traitement des œuvres du point de vue de l’histoire de l’art ont bénéficié du soutien de Memoriav, Association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse. La Fondation Dr Georg et Josi Guggenheim soutient également l'exposition.

Ill.: Rita McBride, Mae West, a proposal for Effnerplatz, Mu-nich, Germany, 2003–2004, Vidéo monobande, couleur, son; acquis en DVD et CD; PAL, 4:3, durée: 4‘5“, Kunsthaus Zürich, 2004, © 2024, ProLitteris, Zurich

Avec le soutien de: